Le terme EP vient de l’anglais “Extended Play” et connait depuis quelques années un franc succès. Il se distingue à bien des égards de l’album, notamment pour son format, son nombre de titres et les coûts de production.
Il peut être un atout majeur dans le lancement de la carrière d’un artiste, d’autant plus s’il débute dans le milieu.
Certains artistes souhaitent rapidement arriver à l’album, comme un gage de réussite de la carrière. Peut-être que l’EP est un format qui s’adaptera plus à son budget, à ses besoins et à sa stratégie.
Mais qu’est-ce qu’un EP, au juste ? Est-ce le format dont vous avez besoin ? En quoi se différencie-t-il d’un album, et même d’un LP ?
L’EP : un peu d’histoire
L’EP au format vinyle
On peut dater l’arrivée de l’EP à 1952. Ce vinyle, à l’époque, était commercialisé par la compagnie de disques RCA Victor. Avant sa naissance, on comptait surtout sur le 33 tours, aussi appelé LP (Long play). C’est ce qui se rapprochait le plus de l’album, vu la possibilité d’enregistrer plusieurs chansons. Le 45 tours serait quant à lui notre single d’aujourd’hui.
Durant l’âge d’or du vinyle, l’EP avait un plus petit format que le 33 tours (d’un format d’environ 30 cm). Il mesurait environ 17 cm, donc durait logiquement moins longtemps.
À l’époque, le format était déjà très consommé. Il va même être reconnu par Billboard, qui ajoute dès octobre 1957 l’EP dans ses charts hebdomadaires. Elvis sera l’un des premiers reconnus par la revue pour un EP.
Le format va gagner en reconnaissance à la fin des années 1950 même s’il perdra au début des années 1960, notamment face au LP. Aujourd’hui, le vinyle n’a pas réellement disparu mais les ventes ont considérablement diminué depuis plusieurs décennies.
L’arrivée du disque
La distinction de l’EP et de l’album a continué après l’apparition du format disque, apparu au début des années 1980. Avec un nombre plus réduit de pistes, il était déjà un format très prisé par certains artistes, notamment leurs de leur début de carrière.
Certains ont préféré le modèle “EP”, notamment dans des styles de musique électronique et de rap. D’ailleurs, beaucoup de rappeurs entre autres suivaient un modèle de carrière similaire : sortie d’un format EP pour tester les réactions du public, avant la sortie, plus tard, d’un album.
Parfois, pour des occasions exceptionnelles telles que la création temporaire d’un “supergroupe” (fusion de deux artistes ou groupes), ou d’un format collaboratif entre artistes, l’EP peut être privilégié. En 2004 par exemple, Linkin Park et Jay Z se sont réunis sur Collision Course, qui ne comptait que six pistes.
L’EP aujourd’hui
Vers les années 2008, en plein milieu de l’ère Internet, le disque connaît un réel déclin, dû notamment au téléchargement illégal.
La première solution apportée par les compagnies fut la création de plateformes en ligne. iTunes fut parmi les premiers à vendre des musiques en ligne de façon individuelle, avant d’être rejoint par beaucoup de compagnies, notamment Spotify, aujourd’hui leader sur le marché.
La crise du disque a rendu très difficile la vente de disques et d’albums. Avec le poids des années, la consommation de la musique se fait principalement au moyen d’écoutes de titres et de singles plutôt que d’albums.
Qu’il soit sous forme virtuelle ou non, la durée de l’EP reste plus courte et propose moins de titres qu’un album. Il reste donc un bon compromis face à l’album et son format long, notamment dans l’espoir d’être écouté en intégralité.
Aujourd’hui, nous pouvons dire que l’EP est un “mini album” de plus en plus réputé. Il s’agit d’un bon compromis financier, promotionnel et stratégique qui s’adapte autant au nouvel artiste qu’à la légende reconnue à l’international.
C’est un format très prisé par tout type d’artiste, notamment par les indépendants qui souhaitent se lancer dans le milieu mais dont les finances ne permettraient pas un album.
Comment l’EP se différencie de l’album ?
Durée, nombre de titres, prix
L’EP se distingue notamment de l’album pour sa durée. Ses règles n’ont jamais changé avec le temps.
Alors que le single ne contient qu’une piste et que l’album généralement plus de huit, l’EP propose un format qui ne dépasse (presque) jamais les trente minutes et les quatre à six pistes.
L’album n’a pas de règle spécifique de création, mis à part qu’il dépasse obligatoirement les six pistes. Même si l’on compte une moyenne d’environ huit à douze titres, il est possible de voir certains albums dépasser la vingtaine de chansons.
L’album offre plus de capacités créatives
Même si certains EPs arrivent à proposer un contenu très créatif, original et surprenant, il est évident que son format limite un peu les possibilités sachant le nombre de pistes et la durée qui régissent le format.
Sachant ces conditions techniques, deux options s’offrent généralement à l’artiste voulant sortir un EP :
- Des titres qui se ressemblent et racontent entre eux une histoire, suivent une même lignée artistique ou musicale.
- Des titres plus éclectiques, pour démontrer l’éventail du talent de l’artiste.
Concernant l’album, les règles du jeu sont différentes et beaucoup plus libres.
En fonction de l’histoire qui souhaite être racontée, et du projet de l’artiste, certaines chansons vont être très courtes (parfois, elles ne durent que quelques secondes), et d’autres peuvent durer une dizaine de minutes. L’artiste dispose d’une plus grande liberté créative qu’avec un EP, n’étant pas limité par des contraintes de budget ou de durée.
Un budget différent
Qui dit format plus long, dit dépenses plus grandes. Sachant que les coûts de production, notamment de studio, mixage et mastering, se calculent au titre et en temps d’enregistrement (si l’artiste doit louer un studio, il est généralement possible de le faire à la journée ou à la demi-journée), la facture s’élève dans le cas de l’album.
Généralement, les coûts qui suivent la sortie de l’album et de l’EP varient aussi. Le choix de l’EP peut être justifié par une volonté de garder une partie du budget à la promotion du format.
Cependant, l’artiste qui a signé avec une compagnie ou qui a la possibilité de faire un album, peut financièrement se le permettre, et donc peut anticiper de la même manière un budget pour la promotion qui en découle.
Une utilisation professionnelle différente
Avec un format plus court que celui de l’album, l’EP est un atout commercial pour s’introduire dans le secteur de l’industrie musicale. Au moment de compiler des titres, c’est un format privilégié pour l’artiste qui se développe seul, sans équipe derrière lui.
Les professionnels de l’industrie, que ce soient par exemple les maisons de disque ou les producteurs, reçoivent un nombre incalculable de propositions quotidiennement. Avec un format plus court, l’EP est un avantage et une sécurité dans l’espoir d’être écouté en entier.
Pour le public, c’est la même chose. Lorsqu’il s’agit d’un format court, nous sommes généralement plus attentifs aux nouvelles propositions musicales.
L’album, de son côté, est vendu lorsque l’artiste a la certitude qu’il sera écouté, et qu’il a la possibilité de financer son projet. Il est presque toujours suivi d’une tournée qui sert de promotion.
Il n’est pas rare de voir que la production des albums est négociée dans les contrats avec les maisons de disques. Un artiste peut par exemple signer dans une compagnie pour la production de trois albums en deux ans.
Dans le contrat, on verra apparaître certaines clauses, comme le remboursement des frais de production et de lancement, ou le pourcentage qui revient à l’artiste et à son manager. Un système intéressant, si l’on est capable de tenir le rythme négocié lors du contrat.
Conclusion
L’EP se différencie de l’album sur bien des points. De nos jours, ce format est de plus en plus utilisé, notamment avec les plateformes streaming. Auparavant, les albums étaient plus écoutés dans leur durée totale, mais aujourd’hui, le single l’emporte haut la main.
Beaucoup d’artistes disent même que le titre qu’ils préfèrent dans leur album n’est finalement pas toujours celui qui est le plus écouté.
Pour savoir quel format choisir, pensez à votre stratégie marketing et à vos objectifs. Tous les artistes souhaitent que l’intégralité de leurs titres soit écoutée. L’album peut attendre que votre réputation augmente.
Il est plus facile pour un artiste indépendant de lancer et de promouvoir son EP. Au lieu de dépenser tout son budget dans un album, autant réduire les frais et s’assurer de pouvoir faire sa promotion, notamment sur les réseaux sociaux.
Si l’artiste a déjà sorti un ou plusieurs EPs, qu’il sait que son album ne passera pas inaperçu et qu’il a les moyens de le financer, aucun doute : il faut foncer.
Il faut bien penser que produire un album est plus onéreux, il faut savoir mesurer les risques financiers et savoir si l’audience sera là pour l’écouter. Avoir un minimum de perspective et de reconnaissance est fondamental pour savoir si le format va marcher, notamment si l’artiste reste indépendant.
Cet article a été rédigé par Sebastien Martinez pour MarketingMusical.fr
Entre l’Espagne et la France, Sébastien a étudié l’Industrie Musicale à Madrid, et se consacre à différents projets dans l’industrie musicale en France. Il a été manager artistique, responsable de communications presse pour un festival, et écrit régulièrement dans la presse musicale pour différents sites web, aussi bien en anglais qu’en Français. Aujourd’hui, il travaille en tant que responsable des relations publiques pour une billetterie française.




