Comment Faire Presser son Vinyle ? Les Etapes à Connaître

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Le vinyle, disque de plastique noir aux sillons iconiques, porte la musique depuis presque aussi longtemps que celle-ci peut être enregistrée.

C’est aussi un objet de culte et un grain de son unique, pour un format qui est passé tout près de l’extinction à la fin des années 2000, mais dont la numérisation de la musique n’aura finalement pas eu raison.

Sorte de Phoenix sonique, il revient en force depuis quelques années hébergeant les productions indépendantes, comme les catalogues de pop et variétés qui se voient repressés.

Vous songez à votre tour à graver votre son dans la wax, l’idée de tenir dans vos mains votre propre vinyle vous fait rêver ?

Ce rêve peut devenir réalité, mais avant de vous lancer il y a quelques astuces à connaitre et un processus de production à respecter.

Presser un vinyle pour quoi faire ?

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Alors que la musique n’a jamais été aussi dématérialisée, que le marché du streaming est en croissance permanente, pourquoi vouloir mettre sa musique sur un vinyle ?

D’un point de vue technique, pour commencer : si vous êtes audiophile et que vous souhaitez obtenir le meilleur rendu audio pour votre dernier EP, il est avéré comme on l’entend souvent que ce format reste le meilleur pour la restitution d’un enregistrement.

Il n’a pas de réel concurrent, le son sur sillon est plus ample, plus chaud, il laisse davantage la musique s’exprimer.

D’un point de vue économique, c’est aussi un marché très porteur et en croissance sur les 4 -5 dernières années : les ventes de vinyle n’ont plus été aussi haut depuis près de 30 ans et c’est un format sur lequel la musique est – de nouveau – de plus en plus « consommée ».

Est-il pour autant rentable ? Cela dépendra vraiment de vos canaux de distribution et de votre capacité à écouler vos précieuses « galettes » une fois pressées…Avant de réfléchir à une future rentabilité, voici la marche à suivre pour presser.

Faire réaliser des masters dédiés

Première chose à savoir, pour obtenir ce fameux « grain de son du vinyle », il est obligatoire de faire réaliser un master spécifique à ce format.

Si vous pensiez prendre vos masters digitaux déjà réalisés pour les plateformes de streaming et les poser sur la wax, sachez que vous pouvez le faire, mais en termes de son vous n’allez pas vraiment y gagner.

Les masters pour les plateformes sont davantage compressés et ne sont pas optimisés pour être gravés, ils ne sont donc pas adaptés.

Vous pouvez obtenir des masters pour vinyle pour une trentaine d’euros par morceau, de préférence chez un ingénieur du son qui a l’habitude de travailler pour ce format : il est conseillé de procéder ainsi pour avoir le meilleur rendu audio sur votre vinyle.

Un format avec des spécificités à connaitre et à respecter

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Toujours dans l’objectif de tirer le meilleur profit de votre pressage, il est important de savoir que la gravure du son impose des contraintes, qu’il faut considérer dans la conception même de la musique à presser.

Au premier rang desquelles se trouve la durée : moins il y a de son sur une face, plus les sillons sont espacés et plus le son est ample, puissant et de qualité. Il faut en tenir compte dans la longueur des morceaux sélectionnés.

Il y a par ailleurs possibilité de demander à l’usine de faire une gravure « puissante », adaptée à la musique jouée en club et réservée plutôt aux productions jouées par les DJs.

Pour tout autre type de musique, une gravure « standard » est recommandée.

Pour la musique de club, afin que le son jaillisse au mieux, il est conseillé de ne pas mettre plus de 16 minutes de musique par face ; 8 à 10 minutes étant considérées comme la durée optimale pour exploiter toute la puissance.

Pour les autres styles, où le volume en sortie est un peu moins important, il y a possibilité de monter jusqu’à 22 minutes sur une même face.

Les usines et ingés sons déconseillent en revanche fortement d’aller au-delà, au risque d’altérer le rendu final.

Pour être tout à fait complet sur ces spécificités, sachez que presser en 140 ou 180gr ne change rien à la qualité sonore finale.

Les 180gr ne sonnent pas mieux, ils sont simplement plus solides, donnent une impression plus qualitative lors de la prise en main et résistent un peu mieux au passage du temps.

Si vous choisissez d’ajouter des pigments et de faire un vinyle coloré ou même un « picto », de la même façon, cette opération ne viendra pas influer positivement ou négativement sur la qualité de pressage et de restitution.

Plus on presse moins c’est cher

Comme pour tous les objets fabriqués en série et en usine, le coût unitaire de production d’un vinyle baisse avec le nombre d’unités réalisées.

Ce coût dépend également du prix et des conditions d’approvisionnement des matières premières incorporées, il peut donc varier légèrement selon les périodes de l’année, de 10 à 15% parfois (ce qui peut représenter votre marge à la revente).

Si vous avez de la souplesse sur votre calendrier, il peut ainsi parfois être opportun de temporiser avant de lancer votre production pour obtenir un meilleur prix.

Dans des conditions de productions « standard » et pour donner un ordre d’idée, presser 100 copies avec une pochette couleur revient autour de 1000€ TTC, 1500€ TTC pour 300 copies, 1800€ TTC pour 500 copies.

Il s’agit de relativement petites séries, mais ce sont les quantités le plus souvent engagées par les artistes et labels indépendants et comme un calcul rapide permet de le constater, en passant de 100 à 500 copies, le coût de production unitaire est pratiquement divisé par 3.

Le succès d’une sortie est toujours très compliqué à évaluer avant de commencer la production, aussi il vous faudra anticiper votre capacité à vendre au plus juste au moment de presser, au risque de vous retrouver avec un stock d’invendus à gérer.

Un calendrier de pressage à anticiper

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Avant d’aborder dans le dernier paragraphe la meilleure façon d’écouler ces précieux objets à microsillons, il est important de détailler les étapes dans le temps à garder en tête, pour organiser au mieux la mise en pressage de votre vinyle.

Tout d’abord, l’usine va vous demander de fournir une demande d’autorisation SDRM, petite étape administrative à laquelle il vous faudra bien penser pour pouvoir procéder.

Une fois l’autorisation obtenue (compter quelques jours), le délai moyen entre le moment où vous fournissez vos masters et éléments visuels pour la réalisation du disque et le moment où le stock vous sera livré est généralement de 8 semaines.

Cela dit, ce délai est indicatif et il peut lui aussi fluctuer : sur la fin 2020 / début 2021 il est passé à 10, voire 12 semaines pour l’ensemble des usines en Europe (pour des raisons liées à la pandémie et à l’approvisionnement en matières premières notamment).

Il est également primordial de noter que ce délai n’est valable que si les test press sont validés du premier coup.

C’est généralement le cas, mais il peut arriver de rencontrer des problèmes à cette étape et ainsi devoir demander à l’usine de refaire des tests press.

Pour ceux qui ne seraient pas familiers du terme, les test press sont une petite série de 5/10 vinyles réalisée par l’usine avant de lancer la série en grande quantité.

C’est une sorte de bon à tirer pour vinyle. Ces tests sont adressés au client qui doit les valider pour que le reste de la production puisse démarrer.

Il faut 2 à 3 semaines pour obtenir ces tests press, si ceux-ci ne sont pas conformes et qu’il est nécessaire d’en demander de nouveau, la date de livraison finale sera rallongée d’autant.

Enfin, même si cela reste très rare, il y a des cas de stock livré avec des soucis de qualité (cloques sur le sillon, disques voilés, pochettes mal imprimées, etc.) qui contraignent à refaire presser, ce qui implique de nouvelles semaines gâchées.

Vous l’aurez compris, plus vous avez d’avance sur ce calendrier, plus vous aurez de chance d’avoir vos disques en main à la date envisagée pour la sortie de votre EP !

Dernière étape : écouler pour rentabiliser

Une fois vos disques en main, il reste une dernière étape et pas des moindres : en vendre le plus possible pour couvrir les coûts de pressage et même envisager un petit bénéfice !

La meilleure façon de monétiser est sans aucune contestation possible la vente directe par votre réseau, ou lors de concerts ou soirées que vous organisez.

Le public est friand de ce merchandising au cachet si qualitatif et vintage et déboursera facilement 12 à 15€ pour votre disque.

Prévoyez toujours de prendre un petit stock avec vous lors de tous les événements où vous vous produirez.

Parallèlement, pensez à bien référencer votre disque sur le portail Discogs (le paradis des chineurs) et à le mettre en vente sur votre Bandcamp également.

Ce site de vente en ligne (peu gourmand en commission) est fréquenté par un public réellement passionné de son, de labels indépendants et de pressages rares : votre disque doit y figurer !

Vous constaterez avec plaisir que des gens viendront passer commande du monde entier s’ils veulent posséder votre objet.

Il vous faudra alors simplement bien calculer les frais de port à appliquer et vous assurer que votre marchandise est bien emballée avant de l’expédier.

Idéalement, et pour préserver vos marges, vous aurez incorporé les frais d’emballage dans vos coûts de production lors du calcul du prix TTC au public.

Si votre musique passe par le réseau d’un distributeur, ceux-ci autorisent généralement les ventes en direct aux particuliers et sur Bandcamp.

Votre partenaire de distribution se réservant généralement l’exclusivité de la vente auprès des magasins spécialisés.

Si les prix pratiqués par les distributeurs ne permettent généralement pas à eux seuls d’atteindre la rentabilité, la vente d’une partie de votre stock par vos propres moyens devrait en revanche vous permettre d’y arriver.

Vous voilà fin prêt pour commencer à grave le disque dont vous rêvez !

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